Croire à la science
On a longtemps dit que la science nous faisait découvrir la réalité et nous présentait des faits indiscutables, mais on en a maintenant une approche différente, même si cet aspect de «vérité réelle» est encore bien présent dans les médias et dans l'esprit de beaucoup de gens.
La science s'apparente plutôt à une enquête criminelle où les faits ne sont jamais certains à 100%, mais le sont «hors de tout doute raisonnable». Mais cette enquête est toujours en cours et il est constamment possible d'apporter de nouveaux éléments pour confirmer les faits existants ou les contredire. Cependant, comme pour une enquête criminelle, une opinion n'est pas suffisante et on exigera plutôt des éléments vérifiables qui peuvent être confirmés par des faits connus.
Ceci implique que, d'une part, la science a peu d'emprise dans les domaines où il n'est pas possible de vérifier les faits avancés et, d'autre part, les partisans de ces domaines doivent se plier aux règles de la science lorsqu'ils s'invitent sur son terrain.
Par exemple, il n'est pas possible de prouver scientifiquement que la télépathie n'existe pas. On peut tout de même y croire de façon spontanée, et la science a peu d'emprise sur ce terrain. Cependant, pour prouver scientifiquement son existence, il faut pouvoir démontrer qu'on y arrive, sans truc de magie et de façon vérifiable. Puis la preuve incombe à la personne qui prétend y arriver. Nul n'a encore réussi et on ne peut donc pas considérer la télépathie comme un fait du point de vue scientifique.
D'un autre côté, le fait que la Terre soit ronde est un fait scientifique. Mais ce fait n'est pas forcément immuable. Par exemple, une personne pourrait démontrer que la Terre est plate ou cubique, mais alors elle devrait aussi expliquer plusieurs autres faits. Par exemple pourquoi son ombre est-elle ronde sur la Lune lors d'une éclipse ? Pourquoi, à l'horizon aperçoit-on d'abord le mât d'un navire qui arrive avant d'apercevoir sa coque ? Comment expliquer les photos de la Terre prises par les astronautes ? Toutes ces observations (et d'autres encore) nous amènent à déduire que, hors de tout doute raisonnable, la Terre est bien ronde. Ce n'est ni une opinion, ni un dogme. Il s'agit d'une conclusion vérifiable.
La science est en fait d'une activité humaine où ses adeptes cherchent à décrire et expliquer le monde physique qui nous entoure. Elle part du postulat qu'il existe une réalité indépendante des personnes qui l'observent. En effet, je suis peut-être en train de rêver et tout ce que je perçois n'existe donc pas réellement, mais seulement dans mon rêve, par moi, dans ma propre existence. Nul ne peut en être certain à 100%, mais dans ce cas l'activité scientifique n'a pas réellement de sens universel.
Cependant, les scientifiques proposent plutôt que le réel existe et qu'il est possible de l'appréhender par les sens et la raison. Comme pour la situation de rêve, il n'est pas possible d'être certain à 100% que le réel existe vraiment et c'est la raison pourquoi on le donne comme un postulat : un point de départ à partir duquel on peut travailler. Il est alors possible de faire des observations, prendre des mesures, faire des expériences, pour obtenir des résultats qui sont indépendants de celui qui les réalise. Autrement dit, les activités proposées donneront les mêmes résultats, peu importe qui les réalise. C'est pourquoi la science tend à être objective (en opposition à une activité subjective dont les résultats dépenderaient de la personne qui la réalise).
On n'a donc pas besoin de croire à la science puisqu'on peut vérifier ses affirmations. C'est d'ailleurs un de ses atouts majeurs. En effet, pour être accepté, un résultat scientifique doit pouvoir être vérifié par d'autres personnes. Si ce n'est pas possible, le résultat ne pourra pas être considéré comme un fait scientifique.
La science, cette façon d'appréhender le monde observable, ne pourra jamais avoir réponse à tout, mais avec sa façon propre de s'autocorriger pour coller au mieux à la réalité, elle nous fournit les réponses les plus objectives et les plus justes que l'on soit en mesure d'obtenir afin de prendre librement des décisions qui éclairent nos choix et guident nos actions.
Évidemment, nul besoin d'étude scientifique pour savoir si l'on préfère la crème glacée à la vanille ou au chocolat. Mais je suis rassuré de savoir que la conception des freins de mon auto ne repose pas seulement sur des goûts personnels, des impressions et des rumeurs.